Dans plusieurs régions d’Afrique, l’éducation est en proie à une crise silencieuse, souvent ignorée. Les conflits armés ne détruisent pas seulement des infrastructures et des vies humaines : ils s’attaquent aussi à l’avenir des enfants. Là où l’on devrait entendre des rires et des leçons, on entend des tirs et des cris.

Les effets des conflits sur l’école sont immédiats et dévastateurs : fermeture des établissements, fuite des enseignants, disparition du matériel scolaire et insécurité permanente pour les élèves. L’accès à l’école est alors suspendu, parfois pendant des années. Au Cameroun, notamment dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, des milliers d’enfants sont déplacés et n'ont pas accès à une éducation structurée. En Afrique centrale, au Sahel, en République centrafricaine ou en RDC, des zones entières sont devenues inaccessibles aux enseignants.

Cette réalité affecte non seulement la scolarité, mais aussi l’équilibre mental, social et futur professionnel des enfants. Ce constat appelle à une réflexion urgente : comment garantir le droit fondamental à l’éducation dans les zones minées par la violence ? Cet article propose une analyse approfondie de l’impact des conflits armés sur l’éducation des enfants, avec un focus sur le Cameroun et l’Afrique francophone. Il met aussi en lumière les initiatives, notamment celles de KELétude, qui ouvrent des perspectives concrètes pour un apprentissage en contexte de guerre, grâce à la technologie et à l’engagement local.

 

1. Comprendre l'ampleur du problème : quand la guerre ferme les écoles

Les conflits armés bouleversent tous les aspects de la vie sociale, mais l’éducation est souvent la première victime invisible. Les écoles sont incendiées, transformées en bases militaires ou en lieux de refuge pour les populations déplacées. Les enseignants, pris pour cible ou menacés, abandonnent leur poste. Les familles, quant à elles, préfèrent ne pas exposer leurs enfants aux dangers du chemin de l’école ou des attaques.

Quelques chiffres alarmants :

- Au Cameroun, plus de 4 000 écoles ont été fermées depuis le début de la crise anglophone.

700 000 enfants ont été déplacés et sont sans accès régulier à l’école toujours au Cameroun.

- En Afrique, selon l’UNICEF, plus de 25 millions d’enfants en âge scolaire sont déscolarisés à cause des conflits et de l’instabilité.

Dans certains pays, comme le Burkina Faso ou le Mali, une école sur trois est hors service en raison des attaques terroristes.

- Plus de 70 % des enseignants dans les zones de conflit déclarent un manque de sécurité permanent, freinant leur engagement professionnel.

 

2. Les conséquences multiples sur l'éducation des enfants

2.1. Accès à l'école compromis

- Les bâtiments scolaires sont détruits, vandalisés ou transformés en casernes ou refuges.
Les enseignants ne peuvent plus se rendre à leur poste sans risquer leur vie.
- Les enfants sont bloqués dans des camps ou des villages isolés, parfois sans route praticable.
Les écoles qui fonctionnent encore sont souvent surchargées et manquent cruellement de matériel pédagogique.​​​​​​​
- Les enfants en situation de handicap sont encore plus marginalisés.

 

2.2. Hausse du décrochage scolaire

- En l'absence de solutions éducatives alternatives, de nombreux enfants abandonnent définitivement l’école.​​​​​​​​​​​​​​
​​​​​​​Les garçons sont poussés vers le travail informel ou recrutés par des groupes armés.​​​​​​​
- Les filles sont davantage exposées aux risques de mariage précoce, d'exploitation domestique ou de violences sexuelles.​​​​​​​
Une fois déscolarisés, peu d'enfants ont l'opportunité de réintégrer le système scolaire.

 

2.3. Régression pédagogique et baisse du niveau

- Les interruptions prolongées font perdre aux élèves l’habitude d’apprendre.
​​​​​​​Le niveau général baisse, avec une incapacité à acquérir les compétences de base en lecture, en calcul et en expression.
- La suppression ou l’irrégularité des examens officiels empêche toute progression dans les cycles scolaires.
Le système éducatif perd en cohérence et en légitimité.
Les enseignants, eux-mêmes affectés psychologiquement, peinent à assurer une pédagogie efficace.

 

2.4. Traumatisme psychologique

- Les enfants exposés à la guerre vivent avec un stress post-traumatique, souvent non diagnostiqué.​​​​​​​​​​​​​​
Ils montrent une baisse de concentration, une agressivité accrue, un mutisme ou un repli sur soi.​​​​​​​
- Sans soutien psychologique, les troubles émotionnels deviennent des freins majeurs à l’apprentissage.
Le sentiment d’abandon peut mener à la perte totale de confiance en l’école.

 

2.5. Perte des repères sociaux et communautaires

- L’école joue un rôle de stabilisateur dans la vie de l’enfant : elle structure ses journées, favorise l’interaction sociale et transmet des valeurs citoyennes.
En son absence, les enfants sont exposés à des influences négatives, parfois violentes.​​​​​​​
- Le tissu social se fragilise, alimentant davantage les conflits à long terme.

 

3. L'éducation comme résistance : exemples de résilience en Afrique

Face à la guerre, apprendre devient un acte de courage et de résistance. Des initiatives locales, communautaires ou technologiques montrent qu’il est possible d’offrir un accès minimum à l’éducation, même en période de crise.

Exemples inspirants :

- Les classes communautaires : organisées par des volontaires dans des campements ou villages éloignés, elles rétablissent une forme d’encadrement éducatif de base.

- La Radio scolaire : des programmes en langues locales diffusent des cours de maths, français ou sciences sur ondes courtes, utiles aux enfants sans livre.

- Apprentissage mobile : des applications et plateformes éducatives (comme KELétude) permettent d'entrer en contact avec de nombreux professeurs qu'importe leur localisation.

Tutorat par les pairs : les élèves les plus avancés deviennent formateurs au sein de leur communauté, en échange d'un soutien matériel ou alimentaire.

- Centres d'apprentissage temporaires : construits avec des matériaux locaux et gérés par des ONG ou des autorités éducatives provisoires.

 

 

Conclusion

Chaque enfant, où qu’il vive, a le droit d’apprendre. L’éducation ne doit jamais être une victime collatéral des conflits armés. Elle est une arme de paix, un outil de reconstruction, un espoir de justice sociale et un levier de résilience durable.

L’école est bien plus qu’un simple bâtiment. C’est un espace de protection, de repères et de développement personnel. Quand elle est détruite, c’est toute une génération qui perd ses fondations. Mais lorsque l’on agit pour maintenir un accès même minimal à l’apprentissage, on sauve des trajectoires de vie, on restaure la dignité et on prépare la paix.

Des solutions existent. À travers des initiatives comme KELétude, les enfants d’Afrique peuvent continuer à apprendre, même dans les contextes les plus hostiles. Il revient aux décideurs, aux éducateurs, aux familles et à chaque citoyen d’agir pour que l’éducation redevienne une priorité, même en temps de guerre.

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